Sexualité & Handicap physique
Contrairement à ce que l’on pense, la sexualité et le handicap physique font bon ménage. En effet, les personnes handicapées, que l’on croit à tort des « anges », ressentent, comme tous êtres humains, des besoins sexuels. Pourtant, leur demande est loin d’être évidente, car ils ont peur d’exprimer leurs désirs sexuels, alors qu’ils représentent 24 % de la population active (15 à 64 ans). Pourquoi la sexualité chez les handicapés est-elle un sujet tabou en France, alors que le sujet est maintenant très largement abordé sur le net et particulièrement sur le site AIHUS (ex Santé Sans Tabou) qui lui a dédié une catégorie entière ? Comment aborder le sujet sans susciter le dégoût, la gêne, ni la pitié ? Quels sont les moyens efficaces à la disposition des handicapés pour satisfaire à leurs besoins sexuels ? On en parle ensemble.
Pourquoi la sexualité et le handicap physique sont perçus d’un mauvais œil ?
Si la physique constitue la principale cause pour laquelle les personnes handicapées peuvent être considérée comme n’ayant pas une vie sexuelle active, ce n’est pas l’unique raison. Il existe d’autres éléments à prendre en compte.
La définition d’un handicap physique
D’après l’OMS, un handicap physique désigne une déficience, une restriction à la participation et une réduction à l’activité. Une personne qui en souffre est donc incapable de se déplacer ou de réaliser certains gestes ou mouvements normalement.
Le handicap physique concerne généralement la déficience motrice qui touche environ 5,8 % de la population active, du moins selon INSEE. Ce chiffre nous dit loin sur le phénomène, qui est peu abordé dans la société.
Le handicap physique peut être causé par :
- Un accident
- Une pathologie
- Des complications génétiques
La perception monstrueuse d’une personne handicapée
Si la personne handicapée est perçue comme un être non sexué, c’est parce qu’elle est considérée comme « monstrueuse » dans la société. Sans doute, à cause de son apparence et son comportement qui est différent des autres êtres humains. Prenons l’exemple du personnage célèbre de Quasimodo dans notre Dame de Paris de Victor Hugo en 1831 qui est à la fois bossu et borgne. Il est effectivement considéré comme un monstre dans le roman.
Perçues comme des monstres, les personnes handicapées ne doivent pas ressentir des plaisirs sexuels. Si tel est le cas, alors, leurs comportements sont considérés comme antisociaux, voire immoraux. C’est la raison pour laquelle, la société pense légitime d’interdire la sexualité aux personnes handicapées. Pourtant, la sexualité des personnes souffrant d’handicap est aussi belle que celles de valides.
L’angélisation de la personne handicapée
Dans la société, la majorité des personnes handicapées adoptent un mode de vie qui nous pousse à écarter la sexualité. Cela est dû à trois raisons :
- Infantilisation de la personne souffrant de handicap. En effet, leur état de dépendance la condamne à un statut d’enfant. Elle requiert l’aide d’un autre individu pour réaliser les actes de la vie quotidienne (marcher, s’habiller, manger,…). Pourtant, comme on le sait « les enfants, n’ont pas de sexe ».
- Médicaliser le corps de l’individu handicapé. Cette fois-ci, les parties intimes deviennent des zones thérapeutiques, et non des objets de désirs.
- Angélisation du handicap. Dans ce cas, la personne qui en souffre est considérée comme un ange. En tant que telle, elle est perçue comme un être ne possédant aucun désir sexuel. D’après de nombreuses religions, les anges font même des vœux de virginité pendant leur existence.
Comment accompagner les personnes handicapées dans leurs désirs sexuels ?
Bien que d’autres mesures d’accompagnement soient possibles, de nombreux Français recourent discrètement à l’assistant sexuel, qui d’après eux apportent de nombreux avantages.
L’assistant sexuel : un moyen encore illégal, mais pratiqué
L’assistant sexuel est une activité qui consiste à répondre à la demande sexuelle, sensuelle et érotique des personnes en situation de handicap.
Alors qu’il est considéré comme un soin aux Pays Pays-Bas, une profession au Danemark, il est qualifié de prostitution en France.
Ainsi, malgré la demande de reconnaissance du métier en 2012, le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) reste ferme dans sa décision. Et pour cause, il refuse encore le service d’un assistant sexuel pour les personnes handicapées.
Selon cette institution, le corps humain n’est pas un objet avec lequel, on obtient de l’argent. En effet, si les établissements de santé en charge des personnes handicapées proposent le recours à un assistant sexuel, ils sont assimilés à des proxénètes. Pourtant, ces derniers sont punis par la législation française.
Ce défaut d’autorisation n’empêche pas les Français de s’y adonner. D’après les chiffres, environ 20 personnes fournissent déjà ce service aux handicapées, en toute illégalité.
Les avantages d’un assistant sexuel pour les personnes handicapées
Comme l’assistant sexuel propose un service sexuel, sensuel et érotique aux personnes handicapées, il apporte par conséquent de nombreux avantages, tels que :
- Aide à la personne souffrant de handicap à se sentir bien dans sa peau, car le contact physique avec une autre personne est bénéfique pour leur moral.
- Moyen pour faire profiter à des caresses, de la tendresse et des baisers
- Thérapie symptomatique, du moins chez certaines personnes. Cette fois-ci, l’assistant sexuel permet d’atténuer les douleurs en raison du bien-être que cela apporte au corps.
- Connaissance de l’univers sexuel, comme l’orgasme, le corps féminin, la relation sexuelle, et bien d’autres encore.
L’estime de soi : un moyen efficace de combler les désirs des personnes handicapées
La sexualité ne se limite pas seulement à des désirs génitaux. Elle inclut également les besoins sensoriels et sensuels qui permettent aux personnes handicapées d’apaiser leurs angoisses et leur anxiété. Parfois, une simple écoute peut résoudre leurs problèmes.
Par conséquent, l’assistant sexuel est loin d’être l’unique solution. Il existe effectivement d’autres moyens avec lesquels on peut combler les désirs sexuels d’une personne souffrant de handicap. Parmi les alternatives se trouve l’apprentissage destiné à faciliter leur autonomie sexuelle.
Cet apprentissage permet de :
- Améliorer l’image que la personne a envers elle-même. SI autrefois, elle se croyait incapable de séduire (en raison de son handicap physique), après l’éducation sexuelle, elle peut devenir plus confiante. C’est à ce moment qu’elle va commencer à séduire.
- Satisfaire les désirs sexuels que ressent la personne souffrant de handicap. Ces besoins peuvent aller d’une simple caresse à des activités sexuelles intenses.
Cette dernière approche est avantageuse dans la mesure où elle apprend aux personnes handicapées à devenir autonome. Avec le temps, ces derniers se détacheront progressivement de l’aide d’un assistant sexuel qui doit être pris au dernier recours.